🌈 Dégradé de couleurs: 10+ astuces pour t’en servir mieux que tes concurrents

Ton visuel est bien. Mais tu voudrais qu’il soit excellent. Autrement dit: il te faut un ingrédient en plus… La cerise de tes sundaes. Les pépites de tes cookies. Le sirop d’érable de tes pancakes. Imagine tes visuels crépiter comme un bol de popcorn au micro-ondes… Le dégradé de couleurs, c’est le mélange d’épices qui peut faire passer ton visuel du stade fonctionnel au stade eye candy. (J’ai faim)

Mais attention, parce que comme toutes les bonnes choses, ça peut tourner au drame si on fait ça n’importe comment. Je pense parler au nom de l’ensemble des graphistes en disant que pour rien au monde je ne voudrais revenir aux années 90. Plus précisément, ces années 90-là:

Voilà, maintenant que je t’ai bien n!qué les zyeux, un exemple d’image avec un beau dégradé qui fait plaisir:

Mon but avec cet article est de te donner des astuces (parfois injustement méconnues) pour que tes dégradés soient:

• un peu moins comme l’exemple N°1
• un peu plus comme l’exemple N°2

Accroche-toi à ton générateur de dégradé, on est partis…

Les bases pour un dégradé de couleurs réussi

Un dégradé de couleurs n’est pas un cache-misère

Conseil potentiellement frustrant, mais qui est aussi un très bon exercice de graphisme:

Remplace ton dégradé par une couleur unie.

De quoi? Mais je suis venu pour apprendre à faire un dégradé, moi!

Oui. Un peu de patience! L’idée n’est pas de jeter ton beau dégradé à la poubelle, mais de t’habituer à en faire un usage intelligent.

Trop de graphistes amateurs voient les couleurs dégradées comme une baguette / béquille magique qui va sauver leurs visuels.

Visuel trop vide? Un bon gros dégradé va venir combler le vide. (non)

Texte trop discret? Sortons les dégradés arcs-en-ciel du placard de Microsoft Word Art. (non!)

Peinture moche? Plaque un dégradé dessus et ça devient la Joconde. (non, non et non!)

Déjà, si tu trouves ton visuel trop vide, il se peut que ce soit une impression trompeuse. La grande majorité des visuels ont besoin d’espace vide pour jouer pleinement leur rôle. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, un dégradé n’est pas un outil approprié pour faire bouche-trou. Si tu « forces » sur les couleurs dégradées pour qu’il puisse jouer ce rôle, le résultat sera d’aussi mauvais goût qu’une paire de Crocs portée avec une robe de soirée. Ou une paire de Crocs, tout court.

Retiens donc cette règle:

Si ton design ne rend pas bien avec une couleur unie, il ne rendra pas mieux avec un dégradé.

Travaille d’abord avec une seule couleur. Ensuite, si ça rend bien, tu pourras envisager de sortir ton ingrédient magique du tourniquet à épices!

Éviter les transitions « boueuses »

Deux couleurs qui n’ont rien à faire ensemble se mélangeront aussi bien que de l’huile et de l’eau. Concrètement, ça voudra dire:

Risque élevé de te retrouver avec une zone de couleur grisâtre en plein milieu de ton beau dégradé. Une flaque de boue sur la route.

Deux façons de réparer le nid-de-poule:

Choisis mieux tes couleurs dégradées

Plus tes couleurs sont éloignées sur le cercle chromatique, plus moche sera la transition dans ton dégradé. Le point culminant de l’horreur est atteint lorsque tu combines deux couleurs complémentaires… Consulte mon article sur les combinaisons de couleurs si tu as besoin de te remettre le cercle chromatique en mémoire.

Et sinon: joue avec la teinte, la saturation et la luminosité de tes couleurs jusqu’à ce que la flaque de boue s’assèche.

Fais venir un ou plusieurs intermédiaire(s)

Qu’est-ce qu’on fait quand on veut deux personnes s’entendent… mais qu’elles ne s’entendent pas? On fait venir un médiateur. Pour ton dégradé, c’est pareil.

L’appli Daily Art vient de subir une refonte complète. Désormais, lorsqu’une peinture est en train de se charger, un magnifique fond dégradé apparaît sur l’écran de chargement:

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce dégradé rouge, bleu et jaune n’est pas tricolore. Voici le dégradé que j’obtiens à partir du bleu et du jaune prélevés directement sur l’image:

Une vilaine flaque de boue verdâtre (oui, souviens-toi: bleu + jaune = vert) apparaît au milieu! Rien de tel, pourtant, sur le dégradé que j’ai capturé…

Par contre, en rajoutant deux couleurs intermédiaires, on obtient un dégradé bleu et jaune du plus bel effet:

Expérimenter différents types et directions de dégradés de couleurs

Tous les dégradés ne sont pas des rectangles colorés qui se lisent de gauche à droite. Faisons un tour d’horizon des possibilités. De cette manière, tu seras en mesure de pleinement personnaliser tes dégradés en fonction du contexte:

Dégradés linéaires

Ces dégradés règnent en maître sur le monde. Droits et rigides comme un double-décimètre en métal, ils permettent de passer à une couleur à l’autre sans tensions inutiles. Comme un pingouin qui se laisserait glisser le long d’une pente verglacée. (Pourquoi cette métaphore? Seul ChatGPT le sait…)

Les dégradés horizontaux évoquent une mer calme et sereine. Leur direction coïncide avec le sens de lecture occidental. Du coup, l’œil du spectateur n’est que trop heureux de suivre le mouvement.

D’autres sont verticaux. Imposants et autoritaires, ils donnent une impression de mouvement plus rapide qu’un écureuil dopé au Red Bull.

D’autres encore sont en diagonale. Là, c’est plus juste une histoire d’écureuil qui a bu un peu trop de potion magique, mais carrément une rave party de rongeurs déchaînés.

(Est-ce que j’ai un peu trop survendu avec ma métaphore? Oui mais chut)

Dégradés radiaux

Maintenant qu’on a bien marché, glissé et bu, il est temps de tourner en rond. Les dégradés radiaux sont un peu plus délicats à manier. Notamment parce qu’ils paraissent plus artificiels que leurs cousins. Cela dit, lorsqu’ils sont employés dans le bon contexte, l’effet est garanti.

Ils sont particulièrement utiles pour faire ressortir en douceur un texte posé sur un fond susceptible de gêner sa lisibilité. Ils font également des merveilles en superposition sur une image, afin de lui donner une coloration intéressante. Enfin, lorsqu’une partie du dégradé est caché, il peut servir à éveiller la curiosité du spectateur, en suggérant l’existence d’informations en dehors du cadre du visuel.

Dégradés coniques

Si tu as bien suivi les cours de maths de l’école primaire, normalement, tu dois soupçonner que, là encore, il y a une histoire de cercle. Et tu as raison! La différence avec le dégradé radial, c’est que la couleur « tourne » autour du centre au lieu de partir du centre.

Imagine-toi préparer une crêpe comme le font les pros. Tu verses la pâte dans la poêle, et tu l’étales bien avec la spatule jusqu’à l’avoir répartie sur toute la surface. Easy peasy.

Perso, j’adore les crêpes. Et les dégradés coniques. Regarde-moi cette beauté, tu pourrais presque la palper du bout de tes petits doigts:

L’illusion de 3e dimension est parfaite. Ça pourrait être pas mal pour, disons, un logo… (je pose ça là)

Étirer le dégradé de couleurs

En principe, un bon dégradé est un dégradé mort. Heu, non, c’est pas ça le texte… Ah, voilà: un bon dégradé est lisse comme une peau de bébé. Si les transitions entre les couleurs dégradées sont trop brutales, les couleurs formeront des bandes rivales. S’ensuit alors une rixe aussi déplacée qu’un zèbre à une holi party.

Plus dos de hérisson que peau de bébé, non? C’est le genre de choses qui se produit quand tu cherches à faire un dégradé de toutes les couleurs. Une bonne façon d’éviter ce genre d’effet très vilain consiste à faire intervenir la sécurité pour séparer les bagarreurs… Voire carrément d’en éliminer un:

C’est déjà mieux, mais il reste encore une bande de couleur un peu trop nette au milieu du dégradé. En cause: un trop grand nombre de couleurs sur une trop petite surface. Essayons de retirer carrément le bleu:

L’effet de rupture a disparu, mais le dégradé reste un peu trop mouvementé à mon sens. Le jaune et le rose sont assez loin l’un de l’autre sur le cercle chromatique, donc ça fait un grand écart qui manque de subtilité. Solution: sortons le point jaune de l’image pour mettre de la distance entre les deux couleurs…

Et voilà le travail: un beau dégradé léger et esthétique, très séduisant, qui saura installer une ambiance chaleureuse dans ton design.

Communiquer des informations

Un dégradé de couleurs = un objectif

Mais au fait, est-ce qu’une ambiance chaleureuse, c’est vraiment le but que tu recherches? Je ne te juge pas. Enfin, pas pour ça. (Par contre, l’œil du jugement sera sur toi si tu t’avises de saupoudrer tes dégradés au feeling)

Pourquoi veux-tu un dégradé de couleurs? Cette question est importante pour déterminer la tête de ton dégradé, et éviter d’en abuser. Le présent article contient plein de bonnes raisons d’utiliser un dégradé plutôt qu’une couleur unie. Alors si tu as besoin d’inspiration… Ouvre l’œil!

Hiérarchie visuelle

En graphisme, (presque) tout choix devrait être justifié par une seule et même motivation: optimiser la transmission du message. Ce qui veut dire notamment: choisir dans quel ordre les informations contenues dans le message seront absorbées par le destinataire du message… Et adapter le design en conséquence.

Un dégradé attire normalement davantage le regard qu’une simple couleur. Mets cette propriété à profit en appliquant ton dégradé aux éléments les plus importants de ton visuel, comme un bouton d’appel à l’action ou un titre.

Renforcer le réalisme

Les aplats de couleurs bien propres, c’est une invention humaine. Dans la nature, les dégradés sont bien plus courants que les couleurs unies. La faute, notamment, à la façon dont la lumière se diffuse sur les objets.

Pourquoi c’est important de savoir ça? Tout simplement parce que la couleur joue un rôle de premier ordre dans notre interprétation du monde, et que nous y sommes naturellement très sensibles. Sans doute une relique de l’époque où le commun des mortels devait absolument apprendre à distinguer deux nuances de rouge sous peine de mourir d’une terrible ingestion de baies toxiques…

Toujours est-il que maintenant, on est des boss quand il s’agit de repérer les couleurs naturelles et identifier les couleurs qui ont l’air douteuses. Conclusion: tu veux donner une impression de réalisme? Dans ce cas, tu ferais mieux d’apprendre comment faire un dégradé de couleurs…

Créer une expérience visuelle unique

Transmettre une sensation

Puisqu’on parle de réalisme… Les dégradés sont très pratiques à intégrer dans une stratégie de marketing sensoriel, parce qu’ils ont l’air encore plus concrets que des couleurs unies. Parce qu’ils ont l’air d’être en relief, on dirait qu’ils vont sortir de notre écran pour nous titiller les sens!

Quel élément de ton design voudrais-tu mettre en valeur ou suggérer? Quelle association de couleurs serait la plus à même de jouer ce rôle? Pas besoin d’aller forcément chercher quelque chose de trop compliqué. Un dégradé monochromatique peut suffire à rendre une sensation agréable comme un arôme de fruit, la chaleur du soleil sur sa peau… Ou les deux en même temps comme le fait Fanta:

Dans un registre plus technologique, les concepteurs d’interfaces d’applications et de sites web intègrent depuis longtemps les dégradés comme moyen de donner de la texture aux pixels. Les dégradés se traînent une mauvaise réputation, à cause notamment d’usages comme celui que je t’ai montré en début d’article. Pourtant, ils finissent toujours par revenir au goût du jour, sous une forme ou sous une autre.

Transmettre une émotion

Tu te souviens des fameuses bagues magiques, qui étaient censées changer de couleur en fonction de l’humeur des personnes qui les portaient? Haaa, les années 90… Heureusement que moi et l’internet grand public, on y est nés, parce que sinon, entre les sites web qui crèvent les yeux (littéralement) et la bijouterie fantaisie qui t’arnaque, ça aurait vraiment été une décennie de merde. (second degré, les gens, on se détend!)

Pour en revenir aux mood rings, si elles avaient réellement tenu leurs promesses, elles auraient été l’accessoire le plus stylé de tous les temps. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’on n’a pas besoin d’une bague pour que la magie des couleurs dégradées opère.

Humeur zen et apaisée? Un dégradé de couleurs froides fera l’affaire. Ambiance cours de zumba, transpiration et destruction de calories? Direction les tons jaunes, oranges et rouges. Réfère-toi aux codes de la psychologie des couleurs pour t’aider à sélectionner tes couleurs selon les émotions souhaitées.

Représenter le passage du temps

De par leur nature, les dégradés de couleurs évoquent le changement, la transition, la progression. Si on s’arrête un instant pour méditer dessus, ils nous rappellent que les choses de ce monde sont rarement toutes noires ou toutes blanches, et que la distinction entre le yin et le yang est floue. Je sais pas toi, mais en ce qui me concerne, j’entends sonner les trompettes du storytelling… 🎺

Ajouter un léger effet de texture sur un dégradé de couleurs

Un dégradé n’est jamais ennuyeux, bien sûr… Maaaais…

Si tu veux rendre ton dégradé vraiment original et excitant à l’œil, tu peux lui donner une dimension tactile en rajoutant un effet texturé par-dessus. Par exemple: du bruit, une texture halftone / demi-teinte, un effet coup de pinceau…

L’intérêt? Donner une touche plus humaine à un dégradé qui pourrait par ailleurs paraître trop « industriel ». Au risque de me répéter: attention quand même à ne pas abuser des bonnes choses!

Penser le dégradé comme une couleur unique enrichie

J’insiste volontiers sur l’importance du choix d’une couleur signature pour représenter sa marque. (J’en ai même fait un test de personnalité pour entreprises)

Malheureusement, on va pas se mentir:

On a très vite fait le tour des couleurs disponibles…

Mettons par exemple que tu débarques sur un marché où toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ont déjà un champion (c’est possible: elles se comptent sur les doigts des deux mains, après tout). L’un de tes concurrents étant en en vert sapin, tu pourrais décider d’adopter une teinte de vert anis.

La différentiation est encore possible, mais elle n’est pas aussi radicale que si tu étais en rouge, par exemple. Et le phénomène ne peut que s’accentuer encore davantage à mesure que d’autres challengers rejoignent le jeu: une troisième marque pourrait se retrouver à devoir se rabattre sur du vert bouteille clair, qui contrasterait encore moins avec le vert sapin que le vert anis.

De même que les plaques d’immatriculation des voitures se sont complexifiées pour élargir le nombre de combinaisons possibles, tu pourrais sortir de l’impasse en choisissant un dégradé comme couleur signature.

Le dégradé de couleurs peut être subtile, comme celui de Steam, qui glisse un dégradé bleu dans son logo et son interface:

Plus ambitieux (casse-gueule):

Le logo de ClickUp propose un double dégradé de toutes les couleurs (ou presque). Un dans des tons chauds, l’autre dans des tons froids. Cette gamme de couleurs se retrouve par touches subtiles sur le site, avec une préférence pour les tons violacés qui assurent la liaison entre le rose du dégradé chaud et le violet du dégradé froid. Ce délicat équilibre donne à ClickUp une identité moderne: colorée mais cohérente.

Dans les deux cas, l’utilisation d’un dégradé à la base de l’identité visuelle permet à des couleurs, parfois même très différentes, de fonctionner en harmonie. On les perçoit comme une seule couleur, ce qui donne une plus grande originalité (et mémorabilité) à l’image des marques concernées.

Le mot de la fin

A présent, tu as toutes les clés en main pour donner un grain de folie chromatique à ta communication. Si aucune de ces clés n’a touché de corde sensible, c’est peut-être que tu les connaissais déjà… Ou alors, que tu n’apprécies pas le pouvoir des couleurs à sa juste valeur (espèce de monstre!). Par contre, si ne serait-ce qu’un seul de ces conseils t’a été utile… Je compte sur toi pour en faire bon usage (et éventuellement, soyons fous: partager l’article sur ton réseau préféré)! Lève-toi de ton couch, petite potato, et pars faire (raisonnablement) scintiller tes couleurs ✨