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La psychologie des couleurs et moi, on a une relation compliquĂ©e. đ
D’un cĂŽtĂ©, dans le dĂ©bat multisĂ©culaire ligne VS couleur, j’ai un clair parti pris pour cette derniĂšre. đAussi loin que je me souvienne, j’ai toujours Ă©tĂ© ultra sensible aux variations lumineuses. (Qui sait? Je suis peut-ĂȘtre une tĂ©trachromate qui s’ignore)
D’un autre cĂŽté⊠Pour dire les choses clairement, j’ai un faible niveau de tolĂ©rance au bullsh!t. Je me suis pas privĂ©e de dire tout le mal que je pensais de Lilou MacĂ© et de son livre des couleurs sur Goodreads, et je refuserai de croire en la chromothĂ©rapie tant qu’on ne m’aura pas donnĂ© de preuves que c’est legit. áŠ(ĂČ_ĂłË)ဠEt dans la mĂȘme idĂ©e, je suis toujours relativement agacĂ©e de voir le traitement rĂ©servĂ© Ă la psychologie des couleurs dans les magazines lifestyle. (ÂŹ_ÂŹ)
A vrai dire, rien que de voir les magazines lifestyle s’emparer du sujet, suffit dĂ©jĂ Ă me faire lever les yeux au ciel. La psychologie des couleurs n’a rien de magique, ou de spirituel, ou de je ne sais quoi. Elle n’a rien Ă faire dans les rubriques « astrologie » ou « dĂ©veloppement personnel ». (Et d’ailleurs, pendant qu’on y est: sa fonction n’est pas non plus de t’imposer les couleurs de ton logo.)
Il est grand temps que l’on remette les pendules Ă l’heureâŠ
Que peut-on (vraiment) affirmer au sujet des couleurs ??
D’oĂč viennent les significations des couleurs?
Les scientifiques s’accordent Ă dire que les effets physiologiques de la couleur sur le corps sont extrĂȘmement limitĂ©s.
Cela dit, le poids de la culture et de l’expĂ©rience personnelle sur notre perception de la couleur est indĂ©niable. AprĂšs tout, ce n’est sans doute pas une coĂŻncidence si on est aussi nombreux.ses Ă associer le rouge Ă l’amour, ou le jaune Ă la joie de vivre…
Pour ce qui est de l’expĂ©rience personnelle, on ne peut, par dĂ©finition, faire aucune gĂ©nĂ©ralisation ou prĂ©diction. La perception des couleurs est quelque chose de fondamentalement subjectif, et il faut l’accepter.
Par contre, connaĂźtre les connotations culturelles permet d’Ă©tablir une sorte de dictionnaire des couleurs, aussi imparfait soit-il.
L‘importance des mots dans la psychologie des couleurs
Je n’emploie pas le mot « dictionnaire » par hasard.
Les couleurs rĂ©sultant de l’interprĂ©tation du cerveau, sa rĂ©alitĂ© est fondamentalement subjective. đ§
La psychologie des couleurs apparaĂźt donc comme une tentative de lui donner un semblant d’objectivitĂ© au moyen des mots. Il s’agit de mettre des noms sur des phĂ©nomĂšnes fugaces (la sensation colorĂ©e de la lumiĂšre qui traverse l’oeil) pour tenter de les figer. Un peu comme si on prenait un clichĂ© d’un oiseau avant qu’il ne s’envole⊠đŠ
Ainsi, questionner la psychologie des couleurs, ça revient Ă questionner notre vocabulaire. Sauf que si on se penche un peu sur la question… toutes sortes de nouveaux problĂšmes apparaissent. ăœïŒâ§âĄâŠïŒă
Les Japonais ont 2 mots pour dĂ©signer la couleur verte: aoi et midori. Les connotations diffĂ©rent sensiblement. D’un cĂŽtĂ©, on trouve le mot aoi, qui peut dĂ©signer au choix une teinte de vert ou de bleu. De l’autre, on a le mot midori, qui se rĂ©fĂšre exclusivement au vert. Dans l’imaginaire collectif japonais, ce dernier Ă©voque irrĂ©sistiblement des images de forĂȘts luxuriantes. đČ
LĂ oĂč nous voyons une unique rĂ©alitĂ© dans les longueurs d’ondes assimilĂ©es au vert, les Japonais en voient deux.
MĂȘme chose pour le bleu avec les Russes ou les Grecs, qui font la distinction entre le clair et le foncĂ©.
Et que dire des cultures dans lesquelles le mot « couleur » lui-mĂȘme n’existe pas[1]Casaponsa, Aina, et Panos Athanasopoulos. « The Way You See Colour Depends on What Language You Speak ». The Conversation, … Continue reading?? đ€Ż
Le langage détermine la perception des couleurs
Penses-y :
Avant de pouvoir dire que le rouge est la couleur de telle ou telle Ă©motion ou concept, il faut bien ĂȘtre au clair avec ce qu’est le rouge⊠Si on ne nous avait jamais appris qu’une telle catĂ©gorie existait, aurions nous conscience de son existence? đ€
Personnellement, 421 mots pour dĂ©crire de la glace fondue qui descend me pourrir la vie une fois tous les 10 ans (j’habite sur la CĂŽte d’Opale), je trouve ça lĂ©gĂšrement abusĂ©. àČ àČż_àČ
Par conséquent, si je devais apprendre le dialecte en question, je me retrouverais face à un problÚme de taille:
Mon incapacitĂ© Ă percevoir dans le monde rĂ©el toutes les variations justifiant l’amplitude du vocabulaire…
Et par extension, Ă me servir du dit vocabulaire.
Dans ce cas de figure, le décalage de perception induit par la langue maternelle devient apparent.
(L’idĂ©e a d’ailleurs Ă©tĂ© brillamment traitĂ©e dans le film Premier Contact, si le sujet t’intĂ©resse đœ)
La psychologie des couleurs est une forme de traduction
En fait, on peut voir la psychologie des couleurs comme une forme de traduction. La couleur est la langue source. Le texte est la langue cible.
Et comme pour toute traduction, il y a… trahison. ăŸ(â§ăžâŠ)ă
Un dictionnaire bilingue empile les synonymes dans la langue d’arrivĂ©e. Pourquoi? Pour essayer de cerner l’Ă©tendue du sens d’un mot Ă©tranger, qui ne coĂŻncide pas avec ses Ă©quivalents des autres langues.
La psychologie des couleurs fait pareil. Logique: c’est pas comme si tu pouvais exprimer l’essence du rouge ou du bleu avec un seul mot… D’oĂč, parfois, une impression de fourre-tout alĂ©atoire aux relents d’effet Barnum.
Il faut ĂȘtre conscient(e) que ce ne sera jamais qu’un pis-aller.
Les significations en psychologie des couleurs viennent de notre rapport Ă la nature
Retour aux sources
Nos attentes en matiĂšre de sens ne viennent jamais de nulle part. Nous forgeons nos attentes et nos idĂ©es prĂ©conçues sur la base d’expĂ©riences rĂ©pĂ©tĂ©es. Or, quoi de plus rĂ©pĂ©tĂ©e et universellement partagĂ©e que notre expĂ©rience de la nature?
Certes, les progrÚs technologiques sont passés par là .
Il n’empĂȘche:
Les associations de couleurs de la nature sont profondĂ©ment gravĂ©es dans l’inconscient collectif.
Tout le monde a intĂ©grĂ© l’idĂ©e que les plantes Ă©taient essentiellement vertes. Ou que le soleil produisait une lumiĂšre jaunĂątre. Ou encore, que le ciel Ă©tait bleu. La nature nous fournit une base de sens, un peu comme un proto-langage que l’humanitĂ© entiĂšre partagerait. đ€
La création du sens en psychologie des couleurs
A partir de la nature et de ses couleurs, des associations d’idĂ©es se forment spontanĂ©ment. Par la suite, il est facile de les Ă©tendre Ă des concepts plus abstraits. đ§
Un processus similaire est Ă l’oeuvre dans les langues « classiques », basĂ©es sur les mots.
Par exemple, on parle de dĂ©placement dans le temps en empruntant les vocables du dĂ©placement dans l’espace[2]Chesneaux, Jean. « La tripartition du champ temporel comme fait de culture ». TemporalitĂ©s. Revue de sciences sociales et humaines, no 3, 3, juin 2005. journals.openedition.org, … Continue reading[3]Boroditsky, Lera. « La langue façonne la pensĂ©e ». Pourlascience.fr, Pour la Science, https://www.pourlascience.fr/sd/linguistique/la-langue-faconne-la-pensee-6479.php. ConsultĂ© le 28 … Continue reading.
Ou, pour en revenir Ă nos couleurs:
Si le rouge est la couleur du sang, le glissement de sens vers l’idĂ©e de violence (le sang versĂ©) est vite fait. đ©ž
Voyons donc Ă prĂ©sent quels champs lexicaux on peut utiliser pour tenter de cerner les couleurs…
La signification de la couleur rouge : le désir, entre agression et passion
Dans la nature, le rouge renvoie en premier lieu Ă la chair, aux entrailles et au consommable. C’est la couleur des lĂšvres, des parties intimes, du sang, de la viande, et des fruits. đ„©đđ„đđ
C’est aussi la couleur d’un dĂ©sir inhĂ©rent Ă la vie (avec l’idĂ©e de prĂ©ciositĂ© et de beautĂ© qui en dĂ©coule), mais qui peut basculer dans l’horreur Ă tout moment : le sang qui cesse de reprĂ©senter la vie lorsqu’il quitte le corps, le sexe, les fruits empoisonnĂ©s.
D’ailleurs, fait intĂ©ressant:
Nos cultures occidentales et leurs mythes font la part belle Ă 3 couleurs en particulier: noir, blanc et rouge.[4]« Blanche-Neige – Noir, blanc, rouge ». WikipĂ©dia, 21 mars 2022. Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Blanche-Neige#Noir,_blanc,_rouge.[5]LA SYMBOLIQUE – LA TRICHROMIE ANCESTRALE. https://www.enluminure-peinture.fr/techniques/la-symbolique/category/98-la-trichromie-ancestrale. ConsultĂ© le 28 mars 2022.
Dans le cadre de cette trichromie symbolique, le blanc et le noir incarnent deux extrĂȘmes :
D’un cĂŽtĂ©, la puretĂ© et l’innocence de l’enfant nouveau-nĂ© qui dĂ©couvre la lumiĂšre du jour pour la premiĂšre fois. đŒ
De l’autre, la mort, les tĂ©nĂšbres et l’inconnu qui nous attendent Ă la fin de notre vie. đ§ââïž (en y rĂ©flĂ©chissant, je me demande si ce choix d’Ă©moji est vraiment le plus appropriĂ©âŠ)
Entre les deux se trouve donc le rouge, couleur de la vie mais aussi de ses pulsions. Pulsions qui peuvent conduire Ă une mort prĂ©maturĂ©e (pense Ă la pomme de Blanche-Neige)⊠đ
Finalement, on peut dire que c’est un peu la couleur de l’entropie. Elle est le maillon entre l’Ă©ros (ou dĂ©sir de crĂ©ation) et le thanatos (ou dĂ©sir de destruction). Indirectement, elle nous rappelle que l’un ne va pas sans l’autre[6]« Thanatos contre Eros ». Le Temps, 7 avril 2007. www.letemps.ch, https://www.letemps.ch/culture/thanatos-contre-eros..
La signification de la couleur orange : l’extraversion, entre soin des apparences et plaisir sensoriel
Comme le souligne Eva Heller dans son livre Psychologie de la couleur: effets et symboliques, la couleur orange est particuliĂšrement bien reprĂ©sentĂ©e dans les aliments comestibles (fruits, lĂ©gumes, fromages, Ă©picesâŠ)⊠sans oublier les flammes qui nous permettent de griller nos merguez et nos chamallows. đ€đ„đ đđ„
Par association d’idĂ©es, c’est une couleur qu’on associe volontiers au divertissement et aux plaisirs sensoriels.
Dans un autre registre, beaucoup d’animaux et de plantes arborent la couleur orange:
Soit pour attirer l’attention d’un potentiel partenaire sexuel, soit pour impressionner un prĂ©dateur.
Dans tous les cas, c’est une couleur exubĂ©rante dont la raison d’ĂȘtre est de sortir du lot. Il est donc logique de la retrouver rĂ©guliĂšrement dans des contextes oĂč une information importante doit ĂȘtre transmise instantanĂ©ment. Dans des pictogrammes ou sur des panneaux routiers, par exemple.
Enfin, le orange s’impose comme la couleur de l’automne et de la lumiĂšre de fin de journĂ©e. đđ
Ces deux pĂ©riodes marquent chacune un chant du cygne de la nature avant l’arrivĂ©e de l’hiver et des tĂ©nĂšbres. La nature offre ses derniers fruits avant d’entamer la prĂ©paration du prochain cycle. On retrouve d’ailleurs cette idĂ©e dans la culture autour d’Halloween, pĂ©riode de cĂ©lĂ©brations mĂȘlant le orange de la fĂȘte et le noir de la mort. đ
La signification de la couleur jaune : carpe diem, entre dysfonctionnement organique et joie de vivre
Comme toutes les couleurs chaudes, le jaune se retrouve affectĂ© Ă un grand nombre d’espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales. Parce qu’il est la couleur de l’or et de la lumiĂšre du soleil, le jaune apparaĂźt chatoyant, accueillant et prĂ©cieux. đđđ
ParticularitĂ© intĂ©ressante de cette couleur: on ne peut pas la foncer sans la transformer en une autre couleur. Le jaune est clair, limite blanc, ou il n’est pas. Soit on l’accepte tel qu’il est, soit on le rejette.
Malheureusement, la couleur or, en faisant secession, a aspirĂ© au passage pas mal des connotations positives du jaune « ordinaire »[7]Calvet, Catherine. « Michel PastoureauâŻ: «Le jaune est la couleur des trompeurs mais aussi des trompĂ©s» ». LibĂ©ration, … Continue reading. Ainsi, le jaune est aujourd’hui l’une des couleurs les plus mal-aimĂ©es et les plus porteuses de connotations nĂ©gatives. âĄ
Sa proximitĂ© avec le blanc en fait une couleur lumineuse, certes, mais surtout une couleur de « puretĂ© dĂ©gradĂ©e ». Dans ses variations les plus pĂąles, on la retrouve d’ailleurs souvent sous l’appelation somme toute assez ingrate de « blanc cassé ».
Une surface blanche exposĂ©e trop longtemps au soleil, comme une feuille de papier ou un rideau, finira inĂ©luctablement par jaunir⊠Se rĂ©cupĂ©rant au passage un teint vieilli pas forcĂ©ment du plus bel effet. đđ
D’ailleurs, dans la nature, le jaune fait office de couleur de transition entre l’Ă©tĂ© avec ses champs de blĂ© Ă©crasĂ©s de soleil et l’automne avec ses feuilles d’arbres vieillissantes.
Plus trivialement, sa prĂ©sence dans toutes sortes de fluides et matiĂšres corporelles assimilĂ©es Ă des dĂ©chets (urine, bile, pus, cĂ©rumenâŠ) la rend indĂ©sirable, voire douteuse.
Serait-ce Ă cause de cette connotation de dysfonctionnement et de dĂ©chĂ©ance que l’Histoire l’a Ă©rigĂ©e au rang de « couleur des parias »[8]« Le jaune, histoire dâune couleur dĂ©chue ». France Culture, 4 dĂ©cembre 2018, https://www.franceculture.fr/histoire/le-jaune-histoire-dune-couleur-dechue.? đ€
La signification de la couleur verte : l’ordre naturel des choses, entre malchance et Ă©quilibre
LA couleur de la nature, notamment des plantes. đČđłđŽđ”
C’est peut-ĂȘtre la couleur dont le sens est le plus marquĂ©, en tout cas pour ce qui est des couleurs en marketing :
Le vert, c’est l’Ă©cologie et les vĂ©ganes. đ„
Mais si on creuse un peu, sous la surface, on peut y trouver un sens plus profond.
Dans l’imaginaire collectif occidental, la nature, c’est en premier lieu un espace imaginaire empreint de nostalgie et de bienveillance.
La mythologie grecque a inventĂ© le concept d’Age d’Or, une Ă©poque bĂ©nie oĂč l’Homme se serait baladĂ© tout nu dans la nature. La Bible a inventĂ© la GenĂšse, une Ă©poque oĂč⊠ben, lĂ encore, l’Homme se serait baladĂ© tout nu dans la nature. Nude is the ancient black.
Rousseau a inventĂ© l’Ă©cologie avant l’heure, arguant qu’en rompant nos liens Ă la terre, on s’est condamnĂ©(e)s Ă l’enfer.
Et toutes les images illustrant ces thĂ©ories sont dominĂ©es par une mĂȘme couleur: le vert.
D’ailleurs, puisqu’on est sur le sujet de la maternitĂ©:
Les bourgeons et les jeunes pousses sont souvent vert clair, ce qui fait de ce dernier un symbole de croissance, de l’enfance et d’immaturitĂ©. đ±
Et de mĂȘme que l’idĂ©e de l’arbre / plante arrivĂ©e Ă maturation est contenue dans ces petites choses fragiles, on en est venus Ă voir dans la couleur verte un symbole de destinĂ©e.
Chance ou malchance? La distinction importe peu. Ce qui compte, c’est l’idĂ©e d’ĂȘtre sur le chemin de la rĂ©alisation. Ce qui doit arriver arrivera. ïŒïž¶^ïž¶ïŒ
Cela dit, chaque couleur a sa part d’ombre. Le vert ne fait pas exception, mĂȘme si, pour le coup, la faute ne repose pas tant sur la nature que sur… l’activitĂ© humaine.
Il faut savoir que le vert a été pendant des siÚcles compliqué à produire et manipuler, que ce soit pour la teinture ou la peinture.
Le rĂ©sultat? Des siĂšcles de teintures fades et/ou structurellement instables auxquels ont succĂ©dĂ© plus d’un siĂšcle d’expĂ©rimentations mortelles[9]« Lâhistoire macabre du vert Ă base dâarsenic ». Amusidora, 21 mai 2020, https://www.amusidora.fr/histoire-couleur-verte-et-arsenic/. avant qu’on ne trouve enfin des solutions acceptables. đ
D’ailleurs, pour la petite anecdote, il semble que les expĂ©rimentations Ă base de pigments toxiques rĂ©alisĂ©es au cours de l’Histoire soient responsables d’un certain nombre de morts dans le milieu du théùtre europĂ©en, ce qui expliquerait son dĂ©goĂ»t solidement ancrĂ© pour cette couleur[10]Inter, France. Pourquoi le vert est-il tabou sur les scĂšnes de théùtreâŻ? 22 mars 2017, https://www.franceinter.fr/culture/pourquoi-le-vert-est-tabou-sur-les-scenes-des-theatres..
La signification de la couleur bleue : le détachement, entre passivité et intellect
On a coutume de dire que le bleu est la couleur la plus rare dans la nature. Mais il suffit de lever les yeux au ciel (ou de regarder la Terre depuis l’espace đ) pour se rendre compte que c’est faux. (Du moins, Ă condition que tu ne vives pas dans l’hĂ©misphĂšre nord de la France, bien sĂ»r)
Entre le ciel, la mer et la perspective atmosphĂ©rique, le bleu est littĂ©ralement partout autour de nous… đ âČđ
âŠmĂȘme s’il est vrai qu’il ne se laisse pas facilement toucher (et que les pigments bleus d’origine naturelle coĂ»tent la peau des fesses). Sur le plan purement matĂ©riel, effectivement, le bleu Ă l’Ă©tat naturel est rarissime.
Et c’est peut-ĂȘtre cette particularitĂ© qui en fait une couleur si dĂ©sirable. Partout oĂč l’on demande, le bleu ressort comme Ă©tant la couleur prĂ©fĂ©rĂ©e des gens[11]Besnard, Jacques. « Comment le bleu est devenu la couleur prĂ©fĂ©rĂ©e des Occidentaux? » La Libre.be, … Continue reading, peut-ĂȘtre Ă cause de sa raretĂ© effective et des connotations positives associĂ©es au ciel (Ă©lĂ©vation spirituelle, prise de recul…).
C’est l’une des couleurs les plus abstraites qui soit (mĂȘme si, dans l’absolu, toutes les couleurs sont abstraites). On pourrait la qualifier « d’intellectuelle », par opposition Ă la terre et aux contraintes bassement matĂ©rielles. D’ailleurs, Ă l’exact opposĂ© du orange, qui se trouve ĂȘtre sa couleur complĂ©mentaire, le bleu coupe l’appĂ©tit.
La signification de la couleur violette : l’extraordinaire, entre perte de repĂšres et spiritualitĂ©
Bien plus encore que le bleu, le violet apparaĂźt comme une anomalie dans la nature. On le trouve en ornement sur les fleurs ainsi que sur certains animaux. Oh, et dans les cieux crĂ©pusculaires, aussi. (J’ai pas trouvĂ© d’Ă©moji violet satisfaisant pour illustrer cette section, donc tiens, prends ce symbole phallique -> đ et cette plante grimpante Ă laquelle je dois mon nom de famille -> đ)
Son apparition sur des choses matĂ©rielles palpables relĂšve de l’ordre de l’anecdote et du dĂ©tail dĂ©coratif, ce qui en fait une couleur mystĂ©rieuse et insaisissable, qui stimule l’imagination. D’oĂč peut-ĂȘtre les connotations spirituelles et mĂ©taphysiques qu’on a coutume de lui associer. đź
Si le bleu est dĂ©jĂ rare dans la peinture classique, c’est encore plus vrai pour le violet. Il faut attendre le milieu du 19e siĂšcle pour que les progrĂšs de la science permettent enfin de contourner le problĂšme de la raretĂ© des pigments (et offrent une solution alternative au jus de chou rouge, de myrtille ou d’insecte).
Les pauvres murex Ă©taient tellement persĂ©cutĂ©s que leur espĂšce a failli s’Ă©teindre. Encore aujourd’hui, si tu veux du pigment de coquillage, il va falloir mettre la main au porte-monnaie. đž A l’heure oĂč j’Ă©cris ces lignes, sur le site de vente de pigments Kremer, 1 gramme de pourpre de Tyr coĂ»te prĂšs de 3000âŹ. Les vĂ©ganes diront que ça fait pas cher la vie de l’animal, mais quand mĂȘme⊠âïčââ„
Toujours est-il que le violet est trĂšs tĂŽt devenu la couleur attitrĂ©e des rois et des puissants de ce monde. Je me demande s’il y a un lien avec mon histoire de murex đ€
Et si on repensait la classification de la psychologie des couleurs?
Le problĂšme majeur avec la psychologie des couleurs
VoilĂ , en gros, les sens gĂ©nĂ©raux que l’on associe aux couleurs.
Malheureusement, cette classification a un Ă©norme dĂ©faut: elle laisse volontairement de cĂŽtĂ© le fait que les couleurs forment un spectre. đ
Il n’y a pas de rupture nette entre deux longueurs d’onde.
A quel moment quitte-t-on le rouge pour tomber dans le orange? Ou le orange dans le jaune?⊠đ
A dĂ©faut de pouvoir fixer des catĂ©gories une bonne fois pour toutes, difficile de tirer une conclusion exploitableâŠ
D’autant qu’en fonction de ses conditions d’apparition, une mĂȘme couleur n’aura jamais strictement le mĂȘme impact sur la/le spectatrice.teur. MĂȘme en passant outre le problĂšme des dĂ©gradĂ©s de couleurs, on ne peut pas oublier que le sens des couleurs forme lui-mĂȘme un spectre.
D’ailleurs, pendant qu’on y est, donnons-lui un petit nom: on a qu’Ă l’appeler « spectre sĂ©mantique ».
Mon rĂ©pertoire des couleurs donne un aperçu du spectre sĂ©mantique couvert par chaque couleur. Mais, en rĂ©alitĂ©, je n’ai fait qu’en effleurer la surface. Rien qu’en combinant deux couleurs, et en changeant leur rĂŽle affectĂ© dans le contexte, on peut affecter radicalement le sens de chaque couleur. đ”
Pas terrible, comme base, pour une langue! ¯\(°_o)/¯
Je ne suis malheureusement pas en mesure de sortir une solution miracle de mon chapeau (d’autant que cet article commence Ă ĂȘtre un peu long). đ
Par contre, j’aimerais au moins proposer une façon lĂ©gĂšrement diffĂ©rente d’aborder la psychologie des couleurs. đ©âđ«
Réconcilier la psychologie des couleurs avec la notion de spectre
Dans une langue verbale, le sens des concepts se définit par frottement à des concepts opposés.
Pour comprendre le sens du mot « petit », il faut avoir une notion de ce qu’est le « grand », et rĂ©ciproquement.
De la mĂȘme façon, la perception d’une couleur dĂ©pendra toujours du contexte dans laquelle on l’observe⊠à commencer par les couleurs qui la juxtaposent. đ§
Afin, donc, que la psychologie des couleurs puisse jouer pleinement son rÎle de grammaire de la langue des couleurs, je propose de définir le sens des couleurs par groupes constitués autour de paramÚtres objectifs plutÎt que par unités indépendantes.
Disposer d’un nombre limitĂ© de « blocs de sens » aux contours relativement prĂ©cis leur permet ainsi de se renforcer mutuellement.
(T’inquiĂšte, je vais donner des exemples)
Couleurs chaudes VS couleurs froides
Les groupes de couleurs chaudes (rouge, orange, jaune) et de couleurs froides (vert, bleu, violet) sont porteurs de significations opposĂ©es prĂ©visibles, moins sujettes aux fluctuations de l’environnement que les couleurs prises individuellement.
Le problĂšme de la continuitĂ© du spectre des couleurs se pose toujoursâŠ
Mais en faisant la moyenne de la tempĂ©rature des couleurs d’un mĂȘme groupe, on peut au moins dĂ©gager une certaine intention. đ€
Couleurs chaudes
Cet ensemble se rĂ©fĂšre sans ambiguĂŻtĂ© aux sources de chaleur et de lumiĂšre, ainsi qu’aux valeurs de confort, amitiĂ©, intimitĂ©, enracinement dans le sol et aux fonctions du corps (notamment l’absorbtion de nourriture). đ„
Bref: la nature nous apprend Ă voir dans les couleurs chaudes une source de calories et de protection. De survie, quoi.
Une dominante de couleurs chaudes sera Ă©galement perçue comme plus dynamique et ludique qu’une dominante de couleurs froides. đ°
Couleurs froides
Cette harmonie Ă©voque irrĂ©sistiblement les grandes surfaces inaccessibles (en particulier le cĂŽtĂ© bleu et violet du spectre). Par extension, ses connotations sont davantage orientĂ©es rĂȘverie, mĂ©lancolie, et intellect. Une dominante de couleurs froides apparaĂźtra donc plus apaisante, introvertie et sĂ©rieuse qu’une dominante de couleurs chaudes. đ§đ§ââïžđ
L’intensitĂ© des couleurs
La typologie que je souhaiterais proposer ici s’inspire de celle Ă©bauchĂ©e par le professeur de design Richard Poulin dans son livre Les fondamentaux du design graphique.
Une dominante de couleurs lumineuses crée une atmosphÚre joyeuse, voire festive.
Lorsqu’elles sont saturĂ©es, elles attirent l’attention, et sont excitantes et dynamiques. Elles sous-entendent l’existence d’un message important Ă transmettre.
Par contre, lorsque les couleurs sont Ă la fois claires et dĂ©saturĂ©es, le calme et la rĂ©serve suggĂ©rĂ©es lui apportent une dimension d’introversion.
Du cÎté des couleurs sombres, les palettes apparaissent plus autoritaires et imposantes. Dans ce cas de figure, le ressenti est plus grave et sérieux, en particulier lorsque les couleurs sont désaturées.
D’ailleurs, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les dominantes de couleurs rompues / dĂ©saturĂ©es apparaissent fonctionnelles, formelles et Ă©motionnellement dĂ©tachĂ©es.
A noter Ă©galement que lorsque l’on aborde la psychologie des couleurs sous les angles de la valeur (luminositĂ©) et de la vibrance (saturation), on touche Ă une dichotomie de sens ancrĂ©e dans l’inconscient collectif:
Celle qui oppose le monde de l’enfance au monde des adultes.
Couleurs d’enfants et couleurs d’adultes
C’est un fait appuyĂ© par des Ă©tudes scientifiques [12]Childrenâs Emotional Associations with Colors: The Journal of Genetic Psychology: Vol 155, No 1. https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00221325.1994.9914760. ConsultĂ© le 28 mars 2022.:
Les enfants réagissent fortement et positivement aux couleurs primaires, vives et lumineuses. A contrario, ils boudent les couleurs plus fades, plus subtiles, comme les tons neutres : gris, bruns, beiges, etc.
Ce phĂ©nomĂšne est vraisemblablement d’origine biologique:
La perception des couleurs d’un jeune enfant se limite en effet Ă des teintes franches et trĂšs voyantes[13]« How Do Bright Colors Appeal to Kids? » Sciencing, https://sciencing.com/do-bright-colors-appeal-kids-5476948.html. ConsultĂ© le 28 mars 2022.[14]« La vision de BĂ©bĂ©âŻ: comment un bĂ©bĂ© voit-il vraimentâŻ? » PARENTS.fr, 27 dĂ©cembre 2007, https://www.parents.fr/bebe/sante/la-vision-de-bebe-78064.[15]« Comment les bĂ©bĂ©s voient-ils le monde de 0 Ă 1 anâŻ? » Sciences et Avenir, 18 mars 2016, … Continue reading.
Cela explique peut-ĂȘtre que l’on ait plus de chances de rencontrer des couleurs vives dans une Ă©cole maternelle que dans un grand bureau en open-spaceâŠ
Les harmonies chromatiques des saisons
Chaque saison vient avec son lot de couleurs emblĂ©matiques, qui sont profondĂ©ment gravĂ©es dans l’inconscient collectif.
Le printemps đ· est marquĂ© par des palettes trĂšs claires et colorĂ©es, l’Ă©tĂ© đ par des couleurs dĂ©saturĂ©es et dĂ©licates, l’automne đ° par des couleurs chaudes et plutĂŽt sombres, et l’hiver đ par des contrastes chromatiques durs et froids.
Pour des explications plus dĂ©taillĂ©es, je te renvoie Ă l’article que j’ai consacrĂ© Ă Colour Affects et les harmonies des saisons appliquĂ©es Ă l’identitĂ© des entreprises.
Les ĂȘtres vivants Ă©voluent au rythme des saisons. L’ĂȘtre humain, malgrĂ© son vernis de culture, n’y Ă©chappe pas, et continue Ă se caler sur les contraintes saisonniĂšres pour cultiver, jardiner et se vĂȘtir.
La rĂ©currence des saisons est un rĂ©servoir de sens inĂ©puisable qui inspire toutes sortes de mythes et de mĂ©taphores intemporelles. âš
Un bon exemple de ça, c’est le film Requiem for a Dream, qui raconte sur trois saisons la descente aux enfers de quatre personnages.
Etude de cas: la palette de couleurs du film Requiem for a Dream
Le film s’ouvre sur un Ă©tĂ© que les protagonistes vivent comme un printemps:
Ils s’enivrent de rĂȘves qu’ils pensent ĂȘtre en train de se rĂ©aliser, sans savoir que les rĂȘves en question seront les seuls fruits que produira jamais leur vie.
Le printemps, pĂ©riode d’Ă©closion, d’Ă©panouissement et de concrĂ©tisation des projets, leur restera Ă jamais inaccessible. Leur « songe d’une nuit d’Ă©té » terminĂ©, un bref automne, suivi d’un hiver Ă©ternel, les attend au rĂ©veil.
A dĂ©faut d’avoir pu faire Ă©clore quoi que ce soit pendant qu’il en Ă©tait encore temps, ils se retrouvent seuls et dĂ©munis face Ă leurs pires cauchemars. Tel est le sort rĂ©servĂ© Ă celles et ceux qui croient trouver un raccourci au bonheur dans les paradis artificiels. Requiem pour un rĂȘve, doncâŠ
La palette de couleurs de Requiem for a dream Ă©volue pour raconter la traversĂ©e des saisons et le quadruple drame humain qui l’accompagne.
Douce et onirique pendant l’Ă©tĂ©, elle Ă©volue progressivement vers des couleurs plus sombres et saturĂ©es tandis que les personnages abordent l’automne de leur vie, avant de se fixer sur des contrastes agressifs Ă dominantes froides.
Prises sĂ©parĂ©ment, les couleurs de ces trois scĂšnes n’indiquent pas grand-chose.
Par contre, si on observe comment elles fonctionnent ensemble et par opposition aux autres (les dĂ©gradĂ©s rosĂ©s de la scĂšne d’Ă©tĂ© VS les contrastes durs et glacĂ©s de la scĂšne d’hiverâŠ), on peut en tirer des conclusions intĂ©ressantes sur l’Ă©volution de l’Ă©tat psychologique et de la situation des personnages.
Conclusion
VoilĂ , Ă mon sens, une utilisation pertinente de la psychologie des couleurs. đ€
Le spectre sĂ©mantique d’une couleur unique est particuliĂšrement large. Aussi, il y a plein de raisons qui peuvent justifier le choix d’une couleur plutĂŽt qu’une autre. Difficile de dĂ©duire quoi que ce soit de façon dĂ©finitive Ă partir de cette seule information.
D’ailleurs, la probabilitĂ© que le choix d’une seule couleur soit dĂ» Ă une simple question de goĂ»ts personnels plutĂŽt qu’Ă une fine connaissance de la psychologie des couleurs n’est pas nĂ©gligeable…
A contrario, une harmonie de couleurs gĂ©nĂšre son propre contexte, ce qui la rend moins sensible aux fluctuations environnementales. On peut donc en retirer davantage d’informations fiables sur lesquelles baser une analyse et construire notre propre sens.
Bibliographie
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