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On peut créer son logo soi-même… En tout cas dans un premier temps. Par contre, il faut aborder le problème avec un certain pragmatisme:
À moins d’avoir les compétences nécessaires à la création d’une icône originale, le plus sage est de s’en tenir à un logo typographique.
Plusieurs raisons à cela:
- utiliser une police d’écriture est à la portée de tout le monde
- le risque de faire une grosse erreur de branding est limitée
- c’est relativement simple de faire évoluer un logotype une fois que son budget communication commence à s’étoffer
Consulte cet article de WikiHow si tu ne sais pas comment installer une police d’écriture sur ton ordinateur et ouvre ton compte Canva gratuit* pour créer ton logo si c’est pas déjà fait: on est parti(e)s!
Rappel: ça sert à quoi, un logo, déjà?
Un logo, c’est une ancre mémorielle. ⚓
Chacun(e) de tes client(e)s se constitue un dossier mental à partir de toutes les expériences qu’iel a vécu avec ta marque.
Ces expériences s’accompagnent d’émotions. Le but d’une marque, c’est de faire en sorte que ces émotions soient les plus positives possibles.
Le rôle d’un logo est en quelque sorte d’être la couverture du dossier mental qui contient ces émotions.
La cloche de Pavlov, par le pouvoir des association d’idées, peut faire saliver un chien. De même, ton logo est là pour faire saliver ton audience à l’idée d’acheter chez toi chaque fois qu’elle y est exposée.
Pas la peine de stresser, donc:
Ton objectif quand tu crées un logo est d’aller au plus simple et au plus efficace.
Première étape: choisir la famille de polices la plus appropriée pour ta marque…
Les 5 grandes familles de polices d’écriture
Les polices d’écriture sérifs
La famille des sérifs est très ancienne… presque aussi vieille que l’imprimerie, de ça, au moins, on en est sûr(e). Les historien(ne)s ne savent pas avec certitude comment et pourquoi on en est venu(e) à rajouter des empattements aux lettres, mais iels ont des théories.
Par exemple, le calligraphe Edward Catich avançait l’idée, dans un livre paru en 1968, que les sérifs étaient nées avec le besoin de graver des caractères romains dans la pierre:
D’abord on peignait les lettres au pinceau, puis un sculpteur gravait la pierre par-dessus en suivant consciencieusement les traits. Et comme un trait au pinceau, c’est jamais parfaitement régulier, les petits « aléas » récurrents de la calligraphie se voyaient incorporés dans le produit fini.
Si je te raconte ça, c’est pas pour le plaisir d’étaler ma science, mais pour appuyer mon propos:
La famille sérif est particulièrement chargée d’histoire. Et ça se ressent dans son utilisation.
Une grande et noble famille
Si tu ouvres un livre au hasard, tu verras qu’il y a de bonnes chances que le texte soit écrit dans une police sérif. C’est une vieille tradition, et puis, accessoirement, les polices sérifs sont réputées faciliter la lecture sur papier.
Les sérifs offrent un mélange unique d’humanisme old-school (à cause des origines lointaines et floues de leurs « pattes calligraphiques »), d’excellence, et d’élégance. D’autant plus que, au fil de l’Histoire, elles ont donné lieu à de nombreuses variations dont la qualité n’est plus à prouver, comme Garamond, Didot ou Bodoni. Une base très solide sur laquelle construire une identité de marque!
Sérif, fais-moi peur
Et si leur côté classique te rebute, tu seras peut-être intéressé(e) d’apprendre qu’il existe une sous-catégorie de sérif, plus récente. Elle garde une certaine prestance, mais sans le côté littéraire et délicat: les slabs, ou polices égyptiennes.
Dans ce cas-ci, les empattements sont détournés de leur fonction première:
De simples ornements, ils deviennent des blocs de construction qui « soutiennent » les lettres comme des piliers. D’où une impression de solidité, de stabilité et de force, des valeurs que l’on associe traditionnellement à la virilité.
Les polices d’écriture sans sérifs
Retire les empattements et tu obtiens une typographie d’essence minimaliste, sobre et efficace, qu’un grand nombre d’entreprises ont fini par adopter:
La famille des sans sérifs.
Si les polices d’écriture sérifs semblent tournées vers le passé et suggèrent un riche héritage culturel, les sans sérifs, au contraire, font table rase et pensent à l’avenir.
Nées à la fin du 19e siècle et largement adoptées à partir du 20e siècle, elles font très bon ménage avec la cupidité le pragmatisme des entreprises capitalistes, alors en pleine expansion:
- Formalisation et rationalisation des process.
- Remplacement des approximations humaines par la régularité et la perfection géométrique propre aux machines.
- Suppression de tous les détails inutiles à l’exercice des fonctions des objets.
Une famille qui règne sur le 21e siècle
Dit comme ça, elles ont l’air un peu froides, nos sans sérifs, mais ne te laisse pas berner:
En plus d’un siècle d’utilisation intensive, la famille sans sérif s’est si bien étoffée qu’elle a aujourd’hui des options plus chaleureuses qu’Helvetica à proposer!
De leurs origines, les sans sérifs conservent cependant les valeurs de modernité (voire d’avant-gardisme), de sobriété, et de technologie. Là où les sérifs règnent sur le papier, les sans sérifs sont les maîtres d’Internet et de la lecture sur écran.
Leur clarté et leur minimalisme correspondent aux qualités attendues d’un bon logo au 21e siècle. Du coup, les entreprises adorent en mettre dans les leurs. D’où une grande polyvalence et une grande diversité de secteurs de prédilection.
Revers de la médaille:
Un léger manque d’originalité. (forcément: quand tu évites les détails stylistiques et que tout le monde adhère à la même esthétique, c’est plus dur d’innover)
Mais bon, au pire, tu peux toujours combiner une police sérif avec une sans sérif: les sœurs fâchées fonctionnent étonnamment bien ensemble!
Les polices script / cursives
Tu les adores.
Je les adore.
Tout le monde adore les polices d’écriture qui imitent l’écriture manuelle… au point qu’elles sont devenues le passage obligé de tous les visuels amateurs.
À l’heure où j’écris ces lignes, la police Playlist Script fait des ravages, aussi bien sur Pinterest que dans les logos d’entreprises « jeunes et branchées »… Et quand je dis « ravages », je le pense vraiment. Playlist Script est en passe de devenir LA police cringy et caricaturale par excellence.
Voilà tout le paradoxe de la famille des scripts:
Comme on les trouve originales, et que tout le monde veut avoir l’air original(e), tout le monde les utilise. Du coup, elles cessent d’être originales.
Que l’histoire de Comic Sans nous serve de leçon!
Et même pire que ça:
Non seulement les scripts peuvent perdre tout intérêt à force d’usage abusif, mais en plus, dans certains cas, elles peuvent même engendrer une profonde haine. Ouais, exactement comme Comic Sans. (Les polices de la famille dont on va parler ensuite ont le même problème: big up à Papyrus 🙌)
Faut-il pour autant ne pas les utiliser? Bien sûr que non: elles sont parfaitement appropriées pour un logo, ce serait bête de s’en priver! (enfin, sauf Comic Sans: son élevage a été tellement intensif qu’il faudrait au moins plusieurs siècles de non-utilisation totale avant qu’on ne puisse envisager une réhabilitation)
D’une police script à l’autre, les impressions renvoyées peuvent être très différentes:
Une écriture fine et serrée avec des grandes boucles aura l’air très sophistiquée.
Une écriture épaisse et irrégulière pourra paraître plus rebelle et moderne.
🧐 Dans tous les cas, les polices script indiquent une volonté de mettre l’accent sur l’identité de la personne derrière le business, l’idée implicite étant que le logo représente sa signature. Un excellent choix, donc, pour les business qui portent le nom de leur créateur(ice)!
Les polices d’écriture décoratives
Quand je parle de polices d’écriture, j’ai tendance à mettre les cursives et les décoratives, souvent similaires dans l’intention et la forme, dans le même sac. De fait, la distinction entre les deux est assez floue, et il est facile de les confondre.
Histoire de simplifier, on peut résumer leur différence ainsi:
D’un côté, on a des lettres plus ou moins lâchement attachées les unes aux autres. L’intérêt visuel n’est pas tant dans la lettre elle-même, que dans l’ensemble du texte produit. Chaque lettre est ainsi conçue de manière à fonctionner en harmonie avec les autres.
De l’autre côté, on a des lettres relativement indépendantes qui peuvent chacune faire office de mini oeuvre d’art. Les règles calligraphiques sont abandonnées au profit d’une expérimentation créative libre.
Pour utiliser une métaphore médiévale, l’équivalent de la police décorative, ce serait la lettrine décorée. Ou sinon, tu peux penser aux graffiti, terrain de jeu typographique par excellence:
Le but, ici, n’est pas de concevoir une police d’écriture entière et réutilisable, mais bien de produire quelque chose d’inédit, d’expérimental.
À ce titre, les polices décoratives sont particulièrement appropriées à la conception de logo… En particulier quand on veut s’épargner la retouche des caractères dans un logiciel de vectoriel.
Une famille difficile à appréhender
Par définition, on ne peut pas cerner le champ sémantique de cette famille de police aussi précisément que celui des sérifs ou des sans sérifs. Après tout, chacune de ses polices est conçue pour être unique et afficher une personnalité forte. Pratique pour faire ressortir l’identité de business créatifs / innovants…
Attention quand même à la qualité de la police décorative que tu choisis:
De la même façon que n’importe qui peut tracer des traits sur un mur sans pour autant être artiste, on trouve beaucoup de polices décoratives conçues et mises à disposition gratuitement par des amateur(ice)s plus ou moins qualifié(e)s. Si tu peux, achète une police sur un site spécialisé, comme FontShop ou MyFonts.
💡 Astuce: quand tu cherches une police pour un logo, cherche en priorité du côté des polices display (conçues pour être utilisées en titres ou en logo), ou des logo fonts (conçues pour des logos).
Une famille de polices d’écriture un peu à part: les monospaces
Pour être franche, j’ai hésité à mentionner la famille des monospaces (à prononcer à l’anglaise « monospeïciz », sinon ça fait vendeur de voitures).
Je connais peu de logos qui soient conçus à partir de polices de cette famille. Si je devais émettre une hypothèse quant au pourquoi du comment, je dirais que la famille monospace est tellement homogène et distinctive à la fois que si deux marques concurrentes partaient d’une monospace pour leur logo, on les confondrait tout le temps…
Ce qui, on va pas se mentir, est un sacré gros problème. 😅
M’enfin, je t’en parle quand même, comme ça, j’aurais la conscience tranquille. 😁
Un champ d’utilisation restreint
Si je devais définir la famille monospace, je dirais que c’est un mélange bizarre entre l’univers vintage des machines à écrire et celui des « nouvelles » technologies (surtout pour le côté « pixel » du spectre des monospaces).
La raison à cela est à chercher dans le nom lui-même:
🤓 « Monospace », ça veut dire que, à cause de contraintes techniques particulières, chaque caractère de la police a été conçu de manière à occuper exactement le même espace horizontal que les autres… Et ce, que ça soit une lettre verticale comme un « i » ou tout en largeur comme un « m ». D’où un alphabet pourvu de lettres inhabituellement étirées ou compressées, ce qui donne un aspect artificiel distinctif à l’ensemble de la famille.
Quand tu vois passer une de ces polices, tu peux pas la rater, ni penser autre chose que « écriture », « jeu vidéo » ou « code informatique ».
En termes de connotations, les monospaces sont donc très spécifiques.
💡 Astuce: si tu penses qu’elles pourraient être pertinentes pour ton domaine d’activité, vérifie bien que tes concurrent(e)s n’ont pas déjà eu l’idée, et si le champ est libre, mets ta police au centre de ton branding pour marquer ton territoire et revendiquer ton originalité.
Conseils pour affiner ta sélection de polices d’écriture
Pourquoi je te déconseille de faire comme les grandes marques (et ce que je te conseille à la place)
Pour leur logo, les grandes marques partent souvent d’une police « classique », qu’elles font retoucher pour la rendre distinctive.
Regarde par exemple comment Vogue et Georgio Armani se sont basés sur la même police d’écriture (Didot) pour leurs logos respectifs:
Autre exemple, Dolce & Gabbana et Domino’s Pizza qui, bien qu’étant dans des secteurs d’activité radicalement différents, ont en commun la police Futura dans leurs logos:
Le problème, avec cette méthode, c’est qu’elle demande d’avoir un peu d’aisance avec le vectoriel, ainsi qu’une fine connaissance du graphisme et de l’identité visuelle de ses concurrent(e)s. Sans cela, elle peut donner lieu à des logos « corporate », très lissés, fades et sans personnalité. Pas vraiment l’effet recherché, n’est-ce pas?
Personnaliser son logotype sans efforts avec Canva
Dans un prochain article, je ferai sans doute un mini tutoriel pour apprendre les bases du vectoriel, mais en attendant, le plus simple est d’utiliser une police (ou une combinaison de polices: 2 maximum!) prête à l’emploi.
🧐 Quelques astuces simples te permettent de personnaliser le résultat sans mettre les mains dans le cambouis.
Par exemple, tu peux jouer sur le formatage du texte ou l’espacement des caractères. Ou encore, remplacer une lettre ou deux par d’autres glyphes de ta police (ou d’une autre). Pour cela, tu peux t’aider de générateurs de caractères spéciaux comme celui-ci.
Ce qui est cool avec les logotypes, c’est qu’on peut obtenir des résultats vraiment sympas avec un minimum de connaissances techniques. Fais parler ta créativité! 🎨
Les critères de sélection importants pour une police d’écriture
Au risque de jouer les rabats-joie, toutes les expériences typographiques ne sont pas bonnes à conserver. S’amuser, c’est bien, mais il ne faut pas oublier l’objectif premier, qui est de créer un signe visuel distinctif pour ta marque!
En graphisme comme dans n’importe quel art, les règles ne sont, au mieux, que des suggestions. Tu pourras toujours trouver des exceptions à la règle et des contre-exemples.
N’empêche:
🧐 Si tu n’as pas d’expérience en matière de création de logos, je te recommande de garder la lisibilité tout en haut de ta liste des priorités.
Concrètement, ça veut dire que tu devrais:
- éviter les polices d’écriture trop fines (à moins de compléter le texte par un monogramme, c’est à-dire une icône à base d’initiales)
- ne pas mettre un nom écrit en police script tout en majuscules
- t’assurer que la police comporte tous les caractères spéciaux dont tu as besoin pour écrire le nom de ta marque
- penser aux couleurs APRÈS avoir validé la forme de ton logotype
Ce que je veux dire avec ce dernier point, c’est que dans un premier temps, tu devrais exclusivement te préoccuper de concevoir un logo lisible en noir sur blanc. Ainsi, tu peux te concentrer sur le contraste, sans te laisser distraire:
Si ton logo n’est pas extrêmement lisible avec un niveau de contraste maximum, tu peux être sûr(e) que sa version en couleurs te jouera des tours! 🌈
Suivre les codes ou les briser?
Pour toutes les raisons que j’ai abordées dans la partie des familles de polices, chacune d’elle a ses industries de prédilection.
Histoire de clarifier les choses, voici un aperçu des secteurs qui, d’après mon expérience, sont très liés à une famille de polices en particulier, que ce soit dans leur logo ou, plus largement, dans leur branding:
- Sérifs: mode, éducation, produits de luxe, littérature et journaux / magazines
- Sans sérifs: électronique, divertissement et médias (Topito, BuzzFeed, etc.), e-commerce, agences de marketing / communication, sport, voyage
- Scripts et décoratives: design, lifestyle, enfants, beauté, art(isanat)
- Monospaces: jeux vidéos, « geekeries »
Dès le début du processus de création d’un logo original, il est essentiel de se confronter aux choix de la concurrence… et par extension, à l’éternel dilemme graphico-marketing:
Faut-il exploiter les codes graphiques propres à notre secteur d’activité, ou au contraire, les briser pour mieux sortir du lot?
Ou, dans le cas présent:
Faut-il sciemment adopter une police de caractères typique de son industrie, ou au contraire, jouer la carte de l’originalité?
Quels que soient tes choix, assure-toi qu’ils aient du sens
Je ne peux malheureusement pas te fournir de réponse toute faite.
Cela dit, je t’invite à prendre en considération le point suivant:
En graphisme (et, plus largement, en marketing), chacun de tes choix doit être le reflet de ce que tu veux que ta marque représente pour ton audience.
Ton business propose une rupture radicale avec les pratiques en vigueur dans ton industrie? Fais des choix qui le reflètent.
Ton business propose une simple amélioration sans rupture avec ce qui existe déjà? Limite les choix un peu trop audacieux.
Comme toujours, la clé est d’avoir une identité de marque solide, ainsi qu’une bonne connaissance de son public cible. (Passe mon test des archétypes si tu veux de l’aide avec ça!)
Te voilà maintenant prêt(e) à passer aux choses sérieuses, à savoir: la création de logo! J’ai mis au point une méthode facile et gratuite à suivre sur Canva* pour créer le premier logo de ton entreprise. Clique ici pour la télécharger en PDF!